Weirs, collectif expérimental de Caroline du Nord, présente Diamond Grove comme un témoignage vivant d’un lieu, d’un moment et d’une communauté d’amis. Fidèles à cette démarche, les musiciens ont choisi d’enregistrer directement sur une ferme de Virginie, utilisant la maison, les dépendances et les sons environnants comme autant de sources créatives. Ce choix confère à l’album une identité profondément ancrée dans son environnement, chaque morceau portant la trace concrète du lieu où il a été façonné. Cette approche singulière se manifeste dès le morceau d’ouverture I Want to Die Easy, un hymne traditionnel revisité. Inspiré par une version gospel, le titre abandonne toute quête d’authenticité immaculée pour embrasser les imperfections sonores de son cadre d’enregistrement. La voix, habitée d’une mélancolie profonde, est enveloppée par une réverbération naturelle de deux secondes, produite par le silo de la ferme. Ici, le site lui-même devient partie intégrante de la musique, au même rang que les instruments et les voix, donnant au morceau une dimension intemporelle et résolument contemporaine. Autour d’Oliver Child-Lanning se rassemblent une constellation de musiciens issus de groupes tels que Fust, Mipso ou Magic Tuber Stringband. Cette formation mouvante, qui rejette toute idée de line-up figé, permet une circulation d’influences et de sensibilités, renforçant la richesse de l’ensemble. Avec Diamond Grove, Weirs dépasse la notion de revival folk pour proposer une œuvre hybride, à la croisée de la musique concrète et des traditions du Sud. Ce disque apparaît autant comme une création musicale que comme un artefact historique, un espace où le passé et le présent s’entrelacent dans une matière sonore en perpétuelle transformation.