L'année 1968 a accouché de nombreux chefs d'oeuvres pop intemporels dont Electric Ladyland est l'un des plus importants. Jimi Hendrix souhaite se démarquer de la formation de trio imposé par Chas Chandler qui ne sera pas crédité sur l'album. C'est aussi l'écartement temporaire de Noel Redding à la basse, remplacépar Hendrix ou des musiciens de passage tel que Jack Casady du Jefferson Airplane. Jimi expérimente et profite au maximum des avancées du multipiste pour tester de nombreux overdubs. Ce double album (format encore rare à l'époque) est conçu comme un tout, une expérience comme le suggère Hendrix en meneur de trip sur le premier vrai titre de l'album « Have You Ever Been (To Electric Ladyland) ». Malgré l'alternance de titres à hit comme « Crosstown traffic », ou la reprise de Bob Dylan « All Along The Watchtower », et de morceaux plus expérimentaux, improvisés et étirés comme « Voodoo Chile » ou la série « Rainy Day, Dream Away » - « 1983... » - « Morn, Turn The Tides... », la cohérence de l'album est maintenue. Hendrix est impliqué jusqu'aux tripes dans ce concept-album, il en émerge un extraordinaire patchwork de sonorités nouvelles, de hits accrocheurs, de morceaux intemporels tel que l'orgasmique « Voodoo Child (Slight Return) ». Du genre qui colle à la peau et peut vous suivre toute une vie en une relation très intime... Difficile de partager les sensations ressenties à son écoute, Hendrix a sondé son imagination et en a tiré un disque intemporel.