"Changing the Rain" : changer la pluie, ou plutôt la laisser derrière soi et se tourner vers le soleil. Le premier titre du troisième album de The Horrors ne laisse aucun doute : le temps des assassins est terminé et, si ce n'est pas encore le temps des cerises, lequintette anglais entre avec allégresse dans une nouvelle ère.Fi de l'apparat gothique de "Strange House" (2007) et du flou obscur du très réussi "Primary Colours" (2009), produit par Geoff Barrow ; "Skying" se plonge toujours dans les méandres du passé musical britannique (My Bloody Valentine, The Stone Roses, Jesus & the Mary Chain...) mais les réinvente à une sauce encore plus digeste que d'habitude. Plus mature ? Ce n'est pas impossible car les membres de The Horrors ont fêté les quatre ans d'ancienneté que dépassent malheureusement peu de groupes. Ne se contentant pas de durer sur la longueur, ils s'évertuent même à mâtiner leur musique de psychédélisme, de shoegaze, de punk, de grunge, de new wave...sans provoquer le pire des tournis."You Said", ballade dans des cimes venteuses ; "I Can See through You", orage post-rock ; "Endless Blue", amas nuageux imprévisible ; "Still Life", arc-en-ciel chatoyant ; "Monica Gems", tourbillon punk décadent. Et "Oceans Burning", ultime célébration céleste... Le ciel est dans tous ses états - comme The Horrors, qui se fendent de textes plus intimes que d'habitude. Le format des morceaux est, quant à lui, toujours supérieur à quatre minutes, et peut s'envoler jusqu'à près de neuf minutes (l'intriguant "Moving Further Away") : le groupe de rock se défendrait-il d'avoir réalisé un album pop ? Ce qui est pourtant, et malgré tout, le cas. Une pop distordue, maltraitée, déniée, mais bel et bien présente.Écrit, enregistré et produit près de Londres, Skying baigne dans une atmosphère vaporeuse, hors du temps, hors des lois, hors des genres, tout en restant marqué au fer rouge par les caractéristiques de The Horrors. Le chant de crooner nonchalant et lointain de Faris Badwan, les guitares triturées jusqu'à la griffure, la batterie parfois sourde, les synthétiseurs lunatiques... Tout cela classe The Horrors parmi les formations dites indie à suivre de près.Sophie Rosemont - Copyright 2017 Music Story