Quand un sorcier de la six-cordes, maître de l'impro, rencontre un alchimiste des studios, on s'attend à de jolies surprises et quelques contrepieds.Disons-le d'emblée : c'est certainement là le projet le plus novateur de Sylvain Luc, pourtant réputé ne jamais être là où on l'attend. Sylvain Luc by Renaud Letang.Tout est dit dans l'intitulé de cette rencontre (initiée par le producteur Alexandre Lacombe) entre sorciers-storytellers, ces révolutionnaires qui mettent l'imaginaire au pouvoir. Comme à son habitude, Sylvain Luc suit le flot, le flow, de son inspiration débordante pour tisser de somptueux canevas harmoniques et d'étonnants, détonants, jeux de jazz. Autour de la console du studio B de Ferber, l'antre de Letang, ces deux-là se sont découvert un terrain de jeu commun : le travail du son, des textures, des architectures musicales. Ce disque aurait pu s'intituler "80 vs 2000", à l'image du morceau éponyme faisant le grand écart entre les sons de synthés éthyliques des années 80, les évocations de scratch hip hop et les boucles électro de l'actuel siècle des machines. Au milieu, une guitare jazz-funk, dissonante et vagabonde. Ce Sylvain Luc by Renaud Letang est une première dans la riche carrière du compositeur. Habitué à partager la scène et le studio avec des musiciens de tous horizons, le compositeur basque "duette" cette fois-ci avec un réalisateur, créant un subtil effet de miroir, non une simple illustration de sa musique. Décidément, avec Sylvain Luc, on ne connaît jamais la chanson.