Après une série d'enregistrements de chambre, Samuel Reinhard revient avec une suite de collages électroacoustiques. "Movement", la dernière offre du compositeur new-yorkais, est construit à partir de notes doucement tenues. Dans son enquête continue sur la durée, la perception et l'attention musicales, Reinhard minimise le progrès en adoptant la répétitionet l'espace négatif, invitant les auditeurs à s'attarder dans le temps. Les enregistrements instrumentaux sont organisés selon un système prédéterminé, itérant des fragments de son dans des intervalles superposés de différentes tailles. Des extraits délicatement superposés de piano en décomposition sont rejoints par le violoncelle (Leila Bordreuil), la flûte basse (John Also Bennett), la contrebasse (Vincent Yuen Ruiz), le saxophone baryton (Michael Biel) et la harpe (Shelley Burgon). Cette étendue d'instrumentation, arrivant sous forme de notes individuelles étirées et superposées, n'est pas traitée comme une opportunité de fusion immersive, mais plutôt comme une douce augmentation de texture, un contrepoint flottant. Les notes sont accompagnées des traces des corps et des actions qui les produisent : une main appuyant sur une touche ou un bras tenant un arc en l'air ; le souffle remplit le corps d'un instrument ou jette un coup d'oeil sur sa surface ; une corde vibrant puis s'adoucissant jusqu'à l'immobilité. En somme, on entend une résonance dans le processus de maintien, ainsi que dans le relâchement qui suit.