Après l'électronique biscornue de Kid A, Radiohead aurait pu revenir doucement à la pop music et remettre la machine à tubes en
service. Il n'en est rien. Inutile de chercher ici ces guitares flamboyantes et ces grands mouvements mélodiques à chanter en
choeur, le groupe d' Oxford plonge de nouveau dans l'univers des machines et des compositions à tiroirs. Inquiétant, chaotique,
cabossé, Amnesiac fonctionne comme un magma sonore, un amoncellement de phrases instrumentales folles et de bouts de
mélodies qui trouvent une miraculeuse logique. Désincarnée et fantomatique, la voix d'homme-machine de Thom Yorke hante ces
grands paysages volcaniques avec de longs monologues vacillants, au bord de la rupture. Splendide!