Chaque nouvel album de NLF3 réserve la promesse d'un cinéma pour l'oreille qui abolit toute impression de déja-vu et Pink Renaissancen'échappe pas à la règle, tenant ses promesses de «nouveau départ». Un disque de synthèse, au sens propre comme au figuré, où l'électroniquevient se lover dans l'organique.Epiphanie psychédélique? Bénédiction deGéronimo? Anima jungien? D'une manière ou d'une autre, le trio (Nicolas Laureau, Fabrice Laureau,Mitch Pires) poursuit de nouveaux tropismes et prend de l'amplitude (et de l'altitude) sans rien perdre de sa rigueur formelle.Si le EP Beast Me en 2011 les voyait célébrer une fête des morts au-dessous du volcan, alternant doom-rock chamanique et tambour-major de carnaval,Pink Renaissance s'extirpe des ténèbres pour retourner vers la lumière. Véritable kaléïdoscope qui fait la part belle à l'électronique et aux bassesonctueuses, l'album s'ouvre sur une pluie d'étoiles filantes : mélodie qui s'élève dans les airs, frappe sèche de la batterie de Mitch Pires etvibrionnements modulaires, le ton est donné d'emblée. Disque d'espoir, d'apaisement et de libération, où pointe néanmoins une touche de mélancolieinhérente aux phases de transition, Pink Renaissance détonne dans le climat assombri de l'époque: sensitif et sensuel, Kalimba Song convie Steve Reichà une fête chez les Yorubas; Chromatic marche à la fois sur les traces de This Heat et de la pop progressive d'un Jim O'Rourke; Stellar Friendshipcomme en écho à leur titre Stellar Subkingdom - tricote des arpèges magiques sur des réminiscences 70's, dans les pas d'un François de Roubaix oud'un Michel Colombier surfant dans le cosmos; tandis que le stoner psychédélique d'Asvattha, avec ses soubassements hindouisants, se dirige sanssourciller vers le nirvana, atteint pour de bon sur le solaire Rise. Quant à Rosen, qui clôt l'album la fleur au fusil, il revisite le leitmotiv de leur bande-son duGolem, célèbre film expressionniste allemand de 1915, dans lequel un colosse de terre glaise vient sauver le peuple juif. La célébration d'unerenaissance, encore et toujours.