La musique écrite, fixée, laisse parfois des espaces aux improvisations. Que ce soit dans le jazz avec les thèmes proposés, puis les champs libres offerts aux instrumentistes, ou en musique contemporaine où les œuvres ouvertes proposées esquissaient des pans sans cadre dans lesquels les musiciens pouvaient s’affranchir de l’écrit. Dans « Black Museum », c’est l’improvisation qui fut source de l’écrit, de la composition. Le compositeur Bruno Letort, habitué du croisement de genres, puisqu’il signa de nombreuses œuvres contemporaines pour orchestre ensemble ou soliste (Orchestre National de France, Orchestre Philharmonique de Radio France, Noël Akchoté, Richard Galliano, André Ceccarelli, Tana Quartet, Trio d’Argent…) tout en orchestrant « Multitude » le dernier album de Stromae (Victoire de la musique 2023), a proposé à la fine fleur de l’improvisation notamment américaine de tenter cette expérience unique de faire de l’improvisation la première pierre d’une composition pour grand ensemble instrumental. La règle est simple : improviser sur un métronome, sans aucune autre contrainte, ni rythmique, ni harmonique; un simple liberté de jeu. Enthousiastes à la lecture de ce projet et des premiers éléments enregistrés, Laurie Anderson, David Krakauer, Evan Ziporyn, David Torn, Mile Ladd, Régïs Boulard, David Linx entre autres ont accepté de se lancer dans cet étonnant et subtil mariage de l’écrit et de la forme libre. « Black Museum » explore les sons les plus inattendues des modes de jeu à l’orchestre et des constructions harmoniques et rythmiques les plus surprenantes.