C'est le mystère Mano Solo : voilà quinze ans, bon an, mal an, qu'il fait à peu près le même disque. Que sa voix de brasier balance avec une régularité presque métronomique entre la rage et l'apaisement ; que ses musiques se teintent de tangos ardents, de valses guincheuses etde mélodies tsiganes ; que ses textes se promènent dans le décor de villes plutôt amies, où la banlieue a détrôné Paris. Et chaque fois, il insuffle à son chant tellement d'intensité qu'il parvient à nous emporter. Ce huitième album studio, arraché et arrachant, gorgé des sons chauds de l'accordéon de Régis Gizavo, décoche encore ses uppercuts émotionnels. Quand il chante en douceur les enfants des autres, ou l'amour renouvelé au matin, il est tout bonnement désarmant. D'ailleurs, une chose a quand même changé dans ses mots, et pas la moindre : en 1993, il s'écriait « la vie, c'est pas du gâteau » ; aujourd'hui, il remet les points sur les i : « J'ai pitié pour tous ceux qui croient que ma vie n'est pas un cadeau. » - TELERAMA