Pour son deuxième album, « AI les Axes », l'artiste visuelle et compositrice parisienne Aude Van Wyller, alias Oï les Ox (The Death of Rave, Primordial Void, Kraak), revient avec une suite labyrinthique d'électronique tortueuse et de formes musicales obliques. Explorant les thèmes du dysfonctionnement technologique et de la perted'identité, « AI les Axes » se révèle être un rêve fiévreux et captivant, une dysfonction d'un autre monde.Mêlant vocalises protéiformes et paysages sonores effervescents, Oï les Ox intègre un dialogue déconstruit dans sa langue maternelle, le français, évoquant un vocabulaire et une syntaxe générés par une intelligence artificielle. Il en résulte une oeuvre déstructurée, d'une profondeur et d'une intimité sans doute supérieures à celles de son premier album acclamé, « Crooner qui coule sous les clous », paru en 2020 sur les labels The Death of Rave et Primordial Void.Avec ce dernier opus, Oï les Ox (dés)assemble des compositions discordantes, riches d'une poésie sonore vertigineuse et d'une électronique fragmentaire et expansive, créant une musique agile, tout en flux et en glissement. Sur sept titres, Van Wyller intègre une multiplicité débridée de synthétiseurs déformés, d'arias oscillantes et de sources sonores fugitives, depuis l'irruption singulière d'une notification téléphonique jusqu'à l'inversion enivrante des percussions drum and bass/jungle, en passant par le bouillonnement acoustique d'une myriade d'objets sonores. Oï les Ox envisage ainsi un espace de déluge et de complexité, où la réitération esthétique évoque une impression de déjà-vu, et où les intonations vocales deviennent comme une carte mentale, ouvrant de multiples voies de possibles.Van Wyller décrit « AI les Axes » comme un album où les frontières s'estompent, dans les intervalles entre les morceaux qui s'effondrent par des transitions changeantes, et dans cette distorsion temporelle engendrée par des jeux d'inversion et de contorsion. Dans une oeuvre qui représente une odyssée à la recherche d'une identité perdue - à la reconquête d'une individualité concrète -, la voix d'une figure centrale ouvre la voie tout en se dupliquant. L'identité première se trouve alors désorientée au sein d'un choeur de voix artificielles, cernée par un océan de bruits incontrôlables. À bien des égards, « AI les Axes » sonne comme le son du délitement.Les sept titres qui composent « AI les Axes » sont le fruit d'un changement de processus. Alors qu'auparavant Van Wyller privilégiait une méthodologie de montage patient et progressif et de répétitions en direct, la musique est ici brute, fruit d'une composition en une seule prise. L'objectif de cette nouvelle approche est de générer une fluidité d'expression, créant une impression de développement grâce à des constructions simples mais captivantes, des formes temporelles et des arrangements cycliques. En concevant ce monde de mouvement libre, défini par une profusion de possibilités harmoniques et rythmiques, Van Wyller reflète la perturbation du geste physique et de l'autonomie dans notre existence contemporaine déterminée par la technologie.