Idiot Saint Crazy Orchestra est probablement l’une des aventures les plus singulières et les plus excitantes du rock expérimental en France depuis longtemps.
Sur la carte Idiot Saint Crazy Orchestra occupe une position résolument excentrée : une ville portuaire et industrielle du Nord, Dunkerque. Dans l’espace musical qu’il contribue à inventer depuis plusieurs années, le groupe active une ligne nouvelle. À se perdre dans le dédale des références, on imaginerait sans doute une forme de synthèse inouïe réunissant les meilleurs moments de The Residents, Otto Von Schirach, Fred Frith, Robert Wyatt, Steve Moore, Philip Glass, Ennio Morricone, Slayer, Steve Reich, Naked City, Mr Bungle, Iva Bittova ou encore Diamanda Galas. Rhapsodique, débordant d’excursions multiples, se jouant des codes et des genres, l’univers d’Idiot Saint Crazy Orchestra est «post-rock» d'une manière inhabituelle, alliant avec virtuosité déconstruction pop, psych rock, death metal, blues, musique répétitive et opéra.
Sur scène les musiciens portent des costumes à chevrons et des masques, qui démultiplient les identités et créent un jeu troublant de doubles et d’illusions. Leur musique, à la fois imaginative, architecturée et puissante est tour à tour hiératique, grotesque et poignante.
Le groupe évolue autour d’un noyau composé du guitariste Valentin Carette, du bassiste Antonin Carette et du batteur Antoine Chotteau. Ils sont souvent rejoints par la chanteuse Delphine Delegorgue et le saxophoniste et claviériste Adrien Michel.
Des mois d’isolement et des sacrifices auxquels peu de groupes sans doute seraient disposés à s’astreindre ont donné lieu à un album génial et étrange. Audacieux et abouti, déboussolant et grandiose, The Sea of Paradise est un fantasme de crate diggers. Des dizaines d’écoute monacales ne suffisent pas à en épuiser la complexité et la profondeur.