Antoine Bellanger accorde son pessimisme à ses claviers de gala, et ses paroles enfrançais, n'épargnent personne, à commencer par lui même. Antoine Bellanger estGratuit et « Là », son troisième album.Antoine a aussi joué avec Mein Sohn William, Belone Quartet, Le Feu..."Là" est une post-tragédie grecque.Il y a l' acteur,seul, un peu au loin, la gueule plantée au milieu d'une fête, et le choeur,omniscient, qui raconte, commente, propose des réactions idéales. Contrairement auxtragédies antiques, dans « Là », la même personne joue les deux rôles. Elle subit etanalyse. Elle prend tout de plein fouet et elle prend du recul. Et comme dans la vie, lavraie, tout s'emmêle, se rapproche, s'étouffe. La psychologie assaillie la sociologie, laraison empiète sur la folie.Parce qu'on peut beugler d'amour en prononçant des mots de haine et le regretter lelendemain, parce qu'on peut cacher sa démence sous un discours cohérent, parcequ'on peut dire des mensonges vrais. "Là" est une histoire de dualités emmêlées etcomplexes. La forme s'associe au fond. On se perd dans un cocktail de sonsorganiques et synthétiques qui se calquent et se cachent. En arrière plan, se trame unefête, bruyante, confuse, du genre de celle qui pousse à crier à l'oreille de soninterlocuteur les choses les plus intimes, qui, de toutes façons, seront noyées dans lamasse et oubliées dans la nuit."Là" est une catharsis pour Gratuit, qui se met (à) nu, tête haute, à genoux dans la boue."Nous voyons ces mêmes personnes, quand elles ont eu recours aux mélodies quitransportent l'âme hors d'elle-même, remises d'aplomb comme si elles avaient pris unremède et une purgation". Aristote, La politique.