Le monde de la pop se divise en deux catégories. D'un côté, les groupes qui font duvieux avec du neuf. On les connaît, on a les noms. Bâillements. De l'autre, ceux quifont du vieux avec du vieux, retardataires de guerres qu'ils n'ont pas vécu, à larecherche d'époques qu'ils n'ont pasconnues et de consoles analogiques chinées sureBay dans l'espoir de sonner comme le Velvet Underground. Tout aussi pathétiquesque les premiers, le tout doublé d'une obsession pour le mimétisme qui donne à leuravenir un gout de Petit Beurre trempé dans du formol.Faire du neuf avec du vieux, ou plutôt faire du beau grâce à des vieux, c'est toutel'ambition de « Rhapsode », disque où les sixties d'et autres compositeurs de musiques de films trouvent enfin lechanteur qui leur manquait. Là où d'autres se contentent de copier le passé, ForeverPavot empile les mille-feuilles sonores, réhabilite le clavecin dans ce monde étriquéqu'est devenu la pop et compose des morceaux arrangés qui donnent l'impressiond'entendre Strawberry fields forever chanté par les Zombies. Après un premier 45T «Christophe Colomb », l'histoire de Forever Pavot commence à prendre forme autourd'un nouveau groupe. Viendront deux autres maxis, tous pressés à si peud'exemplaires que déjà le mot CULTE s'écrit en gros sur le front de cet Emile auxcheveux longs.Il y a donc un nouveau locataire dans la résidence . Dugenre discret, mais plutôt bruyant. Guitares fuzz, farfisa endiablées, lignes de bassesmixées bien en avant dans la tradition , parties de flutes, cavalcade dechevaux , « Rhapsode » c'est le grand Western d'intérieur filmé par l'ORTF.Fan de prog, de jazz mais également de psyché turc, il est aussi clippeur pourd'autres (les vidéos de , c'est lui) et prouve àchaque instant que les apparences sont souvent trompeuses. « La seule lignedirectrice ce sont mes envies. Personne ne pourra m'emmerder si je veux faire unalbum de reggae dans 3 ans ou un album de chanson française. Parce que c'est moiqui décide ». Etre moderne, c'est être maître de son temps. Quant au paradis d'Emile,il est évidemment pavé de bonnes intentions.