Sorti en 1980, le premier album solo éponyme d’Alan Vega voit le jour alors que Suicide publie Suicide: Alan Vega and Martin Rev. Alors que ZE Records tentait d’orienter le duo vers une disco synthétique à la Moroder, Vega s’oriente vers ses racines sonores : blues, rockabilly, rock n’ roll précoce et l’influence permanente d’Elvis Presley. Entre les sessions avec Suicide, il écrit ses propres morceaux et les teste en live, posant les fondations de son premier disque. À l’instar de son travail visuel, Vega superpose les sons de manière minimaliste, dynamique et réfléchie. Des morceaux comme l’hymne « Jukebox Babe » incarnent cette approche avec un rythme dansant et un minimalisme assumé. « Kung Foo Cowboy » explore les racines blues du Sud, tandis que « Ice Drummer » mêle voix mélodiques et plaintives, batterie martelée et harmonica subtil. « Bye Bye Bayou » fusionne rockabilly 50s et style excentrique de Vega, repris par LCD Soundsystem en 2009, et « Ice Drummer » a été honoré par The Flaming Lips, confirmant l’influence de l’artiste. Remasterisé par Josh Bonati à partir des bandes originales et disponible pour la première fois en streaming, l’album a été fidèlement réédité par Sacred Bones Records. Alan Vega conserve l’intensité brute de l’original tout en le rendant accessible à de nouveaux auditeurs. Dépourvu des électroniques intenses de Suicide mais conservant l’énergie hors-norme de Vega, il réinvente le rock n’ roll à travers un prisme art-punk, demeurant un manifeste d’indépendance artistique et un classique culte intemporel.